Éditions Corti

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Comment dépeindre

Aurélie Foglia | Domaine Français (2020)

« Écrire m’a appris à peindre ». Aurélie Foglia témoigne ici du dialogue qui s’est noué entre deux pratiques, écrire peindre, soit « peindre avec la langue ». Ces deux gestes se questionnent sans cesse, se croisent et se creusent, s’entretissent, se recouvrent, se révèlent et s’effacent réciproquement dans ces va-et-vient de verbes, « décrire peindre écrire dépeindre désécrire ».

Seuls sujets, suffisants, inépuisables, les arbres reviennent s’y déployer sur la page en regard des toiles. Ce qui s’engage avant tout, c’est une réflexion et un travail sur la main et sa manière : main qui « caresse les arbres », qui éprouve directement, sans « gants », le contact de la matière, du temps et des couleurs.

Un tel épanouissement, visible dans les trois premières « saisons » du livre, a connu son revers dans la vie. Il se trouve que la totalité des toiles a été détruite, par un homme alcoolique et violent, jaloux de cette part de création. C’est pourquoi Comment dépeindre, commencé comme une sorte de « journal d’ate/lier », et soudain forcé de prendre acte de cette catastrophe, devient, dans sa dernière saison, « un livre en deuil des images ».

Les questions qui se posent, concrètes et sociétales aussi bien qu’esthétiques, reconduisent d’époque en époque toute leur actualité, tristement haletante : quel espace fragile, trop vulnérable, accordé à la création féminine ? Comment dépeindre est un livre qui dit, qui crie la stupeur, le traumatisme, littéralement la sidération.



Le grand mérite de ce dernier livre d’Aurélie Foglia est de parvenir, magnifiquement, sans rien céder quant à l’exigence d’un vers à la fois dense et fluide, à faire valoir haut et fort qu’il y va aussi d’une poésie de l’expérience, autrement dit de la capacité du poème à se faire l’écho d’un vécu – en l’occurrence un vécu où résonnent douloureusement quelques-unes des questions les plus cruciales de notre époque.

Jean-Claude Pinson, Sitaudis, article complet sur Sitaudis.


Aussi faut-il voir dans ce recueil poétique, par-delà un cheminement ascensionnel vers la création et la naissance, une véritable catabase. Une chute brutale irréversible. Une descente aux enfers.

Angèle Paoli, TdF, article complet sur TdF.



Tenter de dire en poème cette presque mort ne s’échange pas, ne se partage pas. Être témoin s’avère le seul voisinage possible. C’est là la force de ce long poème en quatre temps qui à la fois énonce, c’est-à-dire figure, donne l’image fracassante du coup porté et dénonce, vers après vers haletants et brefs, la discrète puissance, la force qui permet de remonter pas à pas les marches du malheur, accompagné du cortège des « animaux fétiches / chats dragons griffons phénix / éternel bestiaire éphémère / j’ai besoin de vos dons / pour renaître »

Yves Boudier, Poezibao, article complet sur Poezibao.


(...)Finalement, “Comment dépeindre” se fait l’écho d’une histoire d’amour qui a viré à la tragédie. Si l’homme féroce a pu violer impunément les toiles innocentes, le livre en sauvegarde néanmoins à jamais la triste mémoire. Au bout du compte, ce livre ne contient-il pas toutes les caractéristiques propres à une folle épopée artistique pouvant nous faire penser à la naissance d’un véritable mythe littéraire ?

Guillaume Curtit, Poezibao, article complet sur Poezibao.



Aurélie Foglia est maître de conférences à l’Université Paris 3-Sorbonne Nouvelle et poète.

Sous le nom d’Aurélie Loiseleur, elle a consacré ses premiers travaux de recherche au romantisme.
Sa thèse a donné lieu à un livre, L’Harmonie selon Lamartine, utopie d’un lieu commun (Champion, 2005), et elle a consacré de nombreux articles à Hugo, Vigny, Baudelaire, Flaubert, Rimbaud ou Verlaine, entre autres.
Aurélie Foglia est l’auteure d’une “Histoire de la littérature du XIXème siècle” dans la collection 128 (Armand Colin, 2014). Chez Corti, Aurélie Foglia a publié le remarqué Grand-monde (poésie) et un roman, Dénouement.