Maurice RENARD | Les Massicotés (2010)
Issu de la bourgeoisie, c’est la rencontre avec H.G. Wells et Edgar Poe qui pousse Maurice Renard à se lancer dans la littérature. Il publiera peu de livres mais d’une constante qualité. Le docteur Lerne, sous-dieu paraît en 1908. Il y développe le thème du savant fou traité par Wells dans L’île du docteur Moreau.
Le fait que le narrateur lui-même soit l’objet de l’expérience de greffe favorise l’empathie et l’anxiété du lecteur face à ce nouveau monstre qu’est le docteur Lerne, digne successeur du baron Frankenstein.
Réédité régulièrement (Mercure, Marabout, Belfond, Tallandier), Maurice Renard est l’un des plus grands maîtres français du fantastique et de la science fiction, salué par le public, comme par André Breton.
La peur qui sourd de ses œuvres reste la nôtre car l’heure des apprentis sorciers, bien loin de reculer, est toujours à venir. L’atmosphère terrifiante s’installe progressivement et ne nous lâche plus. Tout en restant proche de la réalité, Maurice Renard parvient à faire croire à son lecteur qu’une telle aventure pourrait lui arriver, lui-même a d’ailleurs qualifié son travail de « merveilleux scientifique ».
Nous entrons dans un monde où les manipulations génétiques haussent le docteur Lerne au rang de dieu, de sous-dieu étant plus exact, et pour reprendre J.B. Baronian « le symbole pathétique de l’homme en proie au désir de se substituer à Dieu, farouchement hanté par le démon de la création. » qui conclue ainsi : «Lu trop souvent au premier degré, Maurice Renard mérite plus que de l’attention : une revalorisation complète. Son imaginaire renvoie toujours à l’essentiel.»