Jules Claretie | Les Massicotés (2010)
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Ce n’est pas un hasard si Jules Claretie a été pendant longtemps l’auteur de la meilleure étude sur Pétrus Borel. Il partage avec lui son goût du macabre, de la démesure, du frénétique.
Romancier, journaliste, polygraphe, directeur de la Comédie française, académicien lui aussi, comme Richepin, son œuvre est très inégale.
Jean Mornas qu’il publie en 1885 mérite pourtant d’échapper à l’oubli tant son héros, ou anti-héros, devrait-on dire plus justement, est étonnant. Comment en étant tout d’abord un être sans histoire, brillant étudiant en médecine et aspirant homme de lettres, passe-t-on insensiblement du statut d’honnête homme à celui de criminel.
Au moment même où Nietzsche pose l’équation : Si dieu est mort, tout est permis, Jules Claretie, à travers le personnage de Jean Mornas en étudie les conséquences. Ce même Claretie qui plus tard confiera à Jules Huret : «L’âge apporte nécessairement une philosophie qui ressemble, si l’on veut, à une abdication mais qui est plus rapprochée de la justice.»
Il invente ainsi une figure qui rééquilibre la tendance fin-de-siècle avec son homme fatal.
Espérons donc que le vœu de Claretie soit exaucé : « Il semblerait que la littérature est une imprimerie où seuls compteraient les feuillets fraîchement tirés, quand au contraire elle doit être une bibliothèque où les œuvres passées sont aussi consultées que les œuvres du jour… »
Nous entrons dans un monde où les manipulations génétiques haussent le docteur Lerne au rang de dieu, de sous-dieu étant plus exact, et pour reprendre J.B. Baronian « le symbole pathétique de l’homme en proie au désir de se substituer à Dieu, farouchement hanté par le démon de la création. » qui conclue ainsi : «Lu trop souvent au premier degré, Maurice Renard mérite plus que de l’attention : une revalorisation complète. Son imaginaire renvoie toujours à l’essentiel.»