Joseph Sheridan Le Fanu | Littérature étrangère (2024)
Traduit de l’anglais par Jacques Finné
Les choses s’engagent plutôt mal pour Maud, l’héroïne de L’Oncle Silas. Jeune orpheline de mère, élevée par un père aussi secret qu’aimé, elle doit, à la mort de celui-ci, quitter sa maison, ses attaches, ses souvenirs pour aller vivre dans la demeure de son oncle qu’elle ne connaît pas mais dont la réputation ambigüe a de quoi inquiéter. Dans un décor horrifique où les couloirs sont toujours longs et obscurs, les chambres secrètes, les portes dérobées, la jeune fille devra affronter de terribles épreuves, défaire secrets et mensonges, s’extraire des griffes qui se resserrent sur elle.
Paru en 1864, un siècle après "Le Château d’Otrante" de Walpole, et un demi-siècle après "Melmoth" de Maturin, "L’Oncle Silas" s’inscrit dans le sillage du roman gothique dont il reprend, avec une agilité fascinante, le décor et les codes narratifs : grandes maisons sombres et mystérieuses, crimes en vase clos, étrange testament, demoiselle en détresse, mariage forcé et consanguin… Si le roman utilise toute la grammaire gothique, distillée par fines touches, c’est pour construire une intrigue implacable, savante et méticuleuse qui fait de L’Oncle Silas un thriller avant la lettre. Un thriller gothique, donc, qui joue avec les codes du roman noir pour transcrire la perception altérée d’une jeune fille en proie à la peur et aux émotions les plus intenses.