Bernard Puech | Domaine français, 2018
Un premier roman, une fable bouleversante quand l'enfer se renverse. Dire la puissance et la valeur de ce livre, s'est s'avouer, pour ainsi dire, vaincu par lui, rendu balbutiant, profondément troublé et ému. Mais l'auteur n'affirme-t-il pas lui-même que la sensibilité est "ce qui constitue l'essence de toute intelligence". Étonnant manieur de langue et d'images qu'on pourrait situer, si l'on y tient, entre Lautréamont, Beckett (...) et Thomas Bernard, Bernard Puech a écrit un livre-monstre, un livre d'excès, un hurlement coulé dans le moule strict d'une forme magnifiquement maîtrisée.
Une question s'impose : et si c'était à partir de toute cette lourdeur, de cet accablement, que la pensée et l'imagination pouvaient s'évader, légères, vers un ciel de beauté et d'amour ?
Patrick Kéchichian, Le poids de l'homme, Le Monde, 6 septembre 1991.
Le roman le plus étonnant de la rentrée, par un inconnu dont on n'a pas fini d'entendre parler.
C'est lui. Puech. Bernard Puech. C'est son nom. On ne sait pas grand-chose à son sujet. Un livre de lui vient de paraître chez Corti : Sous l'étoile du chien qui renvoie toute la rentrée littéraire à l'infirmerie.
Une bonne, une excellente nouvelle : dans ce pays où la bassesse figure désormais un devoir d'État, où la littérature donne si souvent l'impression de se voiler la face sur de faux sujets (...) il est donc possible d'extraire un tel livre aussi intelligemment et profondément explosif, dont on imagine que s'il était encore des nôtres, Thomas Bernhardt l'eût volontiers parrainé. Depuis quand n'a-t-on pas ainsi ri en français, et même a-t-on jamais ri de la sorte ?
Bernard Puech vient d'avancer sur l'échiquier un pion que l'on attendait plus et redonne du sel à la partie en cours.
Michel Crépu, Bernard Puech, des chiens et des hommes, La Croix, 7 octobre 1991.
L'univers de Bernard Puech est voisin, dans le dépouillement, de celui d'un Beckett. Mais les ressemblances s'arrêtent là ; car Puech s'aventure dans une sorte de récit à la fois contemporain et biblique. Contrecarrant tous les principes du bien écrit selon l'université, il s'adonne voluptueusement à la répétition, à la lourdeur contrôlée des "malgré que" et autre "à cause de" dont il truffe sa prose. Il tourne en boucle lente dans le circuit clos d'un récit qui dit à la fois l'errance, la déserrance, le mythe juif de l'éternel retour, et les malheurs d'un monde à jamais marqué du sceau de l'horreur.
On aime ou on déteste : on aime et on déteste. Ce récit à cinq voix, à cinq branches (...) vous colle aux doigts et s'insinue sournoisement dans votre cœur.
Michèle Gazier, Télérama, 9 octobre 1991.
Il y a de la féerie dans le roman de Puech, c'est un conte de fées en enfer, car "les choses débordent de mystère et de magie".
Très audacieux, très rencersant : ce bouquin d'étoiles, de chienneries, de toisons stellaires et de violons. Une merveille, oui ! Lisez Estelle, page 113 et c'est un ravissement. Le cosmique, le canin et le cœur font une ronde d'or. Étoile et violon comme dans la folie de Nerval, la poésie drôle et grave d'un tableau de Chagall.
Patrick Grainville, Le Figaro, 30 septembre 1991.
Révélation d'un écrivain ? Curiosité ou peut-être même supercherie littéraire ? Plusieurs hypothèses surgissent à la lecture de Sous l'étoile du chien, inclassable récit d'un inconnu, Bernard Puech, que publie José Corti, maison estimable entre toutes.
En tout cas, qu'elle qu'en soit la génèse, voilà une façon d'écrire qui ne ressemble à nulle autre.
François Nourrissier, Le Figaro-magazine, 21 septembre 1991
.Une merveilleuse histoire d'amour inhumain. Un livre qui ose célébrer la bonté, l'amour (sous ses deux formes d'éros et agapé), et qui nous laisse pantois d'admiration littéraire – voilà ce qui fut rare de tous les temps et dont l'apparition aujourd'hui semble d'une folle audace.
Le signe de l'étoile permet à Bernard Puech de parsemer ses pages d'un poudroiement d'or merveilleux et émouvant. C'est la Bible avant Noël, l'approche d'un fabuleux retournement des valeurs, annoncé par le scintillement d'une étoile. Cette vision lumineuse clignote ici, éblouit là, disparaît puis revient, sur l'accompagnement du Stradivarius d'esther et de Caleb.
On pense parfois à Rilke, à sa notion de "l'ouvert" accessible à l'animal plus aisément qu'à l'homme. On pense aussi aux Années de chien de Günter Grass (...). On pense surtout à Chagall, à ses violonistes volant au-dessus des toits et à son tendre et poétique bestiaire. Mais penser à tout cela, c'est seulement situer le livre dans sa famille, sans rien ôter à son originalité, à son langage chatoyant qui tourne sur lui-même et n'est jamais deux fois identique.
Nicole Casanova, La Quinzaine littéraire, 1/15 octobre 1991.