E. F. Benson | Domaine Romantique, 2013
Traduit du l’anglais par Jacques Finné
Membre d’un clan d’intellectuels et de religieux (son père, protégé par la reine Victoria, était archevêque de Canterbury), Edward Frederic Benson est le seul écrivain professionnel de la famille – encore qu’aucun autre n’ait méprisé l’écriture. Dans sa centaine de romans à succès, il extériorise une misogynie viscérale qui se retrouvera parmi ses récits surnaturels – autant que dans sa vie.
Avec ses quelque 50 nouvelles disséminées dans cinq recueils et des dizaines de revues, Edward Frederic Benson représente une pierre de touche dans l’évolution de la littérature fantastique britannique.
Il prolonge la ghost story traditionnelle, mais très souvent, ses fantômes endossent des suaires particuliers, comme l’apparition qui « rejoue » une scène de meurtre… pas encore commis !
Il ne se limite toutefois pas aux fantômes. Outre ses deux récits de vampires (féminines, comme par hasard), devenus des classiques, il verse parfois dans la parapsychologie (à laquelle il croyait) – élémentaux, puissance de la pensée et de la volonté, sorcellerie, voire dans la théologie pure – sang religieux ne peut mentir. Le tout mène à une vision du monde d’une étonnante modernité. Selon Benson, seul un homme de mauvaise vie, un mécréant devra subir les terribles effets du Mal incarné. Il n’est pas irrationnel d’opérer un parallélisme entre cette conception de l’univers et celle de Benoît XVI affirmant que Dieu a envoyé le Mal sur terre (sous forme du sida) à seule fin de punir les pécheurs.
Benson est le chaînon qui unit la ghost story victorienne à sa forme nouvelle, la Weird Tale – voire le gore. Lovecraft n’est pas loin.