John Nicol | Domaine Romantique (2006)
Traduit par André Fayot, postface de Kenneth White
Dès la fin du XVIème siècle, sitôt après qu'Elizabeth a haussé son pays parmi les grandes puissances navales, la littérature britannique se dote d'un genre nouveau, le récit maritime, que Francis Drake et Walter Raleigh sont parmi les premiers à illustrer, et qui va connaître un succès qui dure encore. Ces relations extraordinaires, où l'aventure, l'ailleurs, l'appel de l'inconnu saisissent souvent le lecteur à chaque page, sont la plupart du temps l'œuvre de médecins, de capitaines, d'officiers ou de négociants, dont la vision du monde, si riche et si contrastée soit-elle, subit nécessairement la marque de leur position dans la hiérarchie ou la société.
Avec la Vie de John Nicol (1822), la dunette fait place à l'entrepont, si l'on peut dire, et c'est un monde bien moins connu, quoique tout proche, qui nous ouvre ses portes, celui des marins « de la base », dont, faute d'éducation et de familiarité avec la chose écrite, les témoignages sont beaucoup plus rares. Nous sommes sur les mêmes navires ; cependant, vu d'en bas, le monde prend une couleur bien différente. Le récit est moins ambitieux, plus personnel ; c'est un individu, un homme tout simple, qui nous livre son expérience, mais avec une acuité, un naturel, une largeur d'esprit et une sensibilité qui donnent à ce récit, imprégné des grands thèmes du romantisme ambiant - la jeunesse, l'amour, l'aventure et la destinée - un charme à la foi solaire et tragique.
Un texte que Melville avait sur sa table de chevet