Fabio MORABITO | Ibériques (2010)
Traduit par Marianne Millon
Mexico, de nos jours. Un adolescent de douze ans, dont le père a quitté le domicile familial, souffre d’hypermnésie et se rend chaque jour au cimetière car il a décidé d’apprendre tous les noms inscrits sur les tombes jusqu’à ce qu’il trouve le sien. Il pense être ainsi protégé de la mort.
Muni d’une sorte de baguette de sourcier à détecter les histoires drôles, Emilio rencontre au cimetière des adultes, plus ou moins recommandables : Adolfo, le gardien qui cherche à embrasser les jolies visiteuses et modifie les dates sur les tombes les moins fleuries pour tenter de faire adopter les morts délaissés par les vivants ; Severino, un maçon inquiétant et, surtout, Euridice, une masseuse quadragénaire, qui vient fleurir chaque jour la tombe de Roberto, son fils récemment disparu à l’âge d’Emilio.
Il s’agit ici du premier roman écrit par Morabito, publié en 2009 chez Tusquets, dont nous avions déjà édité, en 2009, un recueil de nouvelles, Les Mots Croisés (Prix Antonin Artaud). En orfèvre, il allie cruauté des sentiments, humour (qui surgit des situations les plus inattendues), poétique du quotidien. La forme romanesque lui permet enfin de développer pleinement l’intrigue et de donner chair et épaisseur aux personnages, tous attachants, inquiétants, intrigants. Comme l’avait souligné Gilles Heuré, dans Télérama, parlant de son précédent livre, nous sommes parfois proches de l’univers d’un Luis Bunuel.