Maria ZAMBRANO | Ibériques (2006)
Traduit par Jacques Ancet
L’homme et le divin est un livre central dans l’œuvre de María Zambrano.
Commencé en 1948 et terminé, pour sa première édition, en 1951, le livre se présente comme une suite d’essais articulés autour d’un thème central : celui des rapports de l’homme au sacré et au divin dont la perte progressive, jusqu’à aujourd’hui ne nous a laissé que son absence.
Qu’est-ce que le divin ? Pour le comprendre, il faut recourir à une sorte de fable qui nous est racontée dans le premier chapitre du livre, « La naissance des dieux ». À l’origine, l’homme se trouve jeté dans un espace non pas vide mais plein parce que peuplé de forces obscures dont il se sent la proie. Les choses n’existent pas encore, ni la nature, ni le monde, mais un grouillant, un obsédant « il y a ». Cet univers de la nuit et de la terreur originaires, où tout est en quelque sorte imbriqué, où l’espace et le temps n’existent pas encore, María Zambrano l’appelle le sacré.
Ce livre est, indissolublement, une grande aventure d’écriture et de pensée. Puisque écrire et penser sont inséparables. « … On ne peut être grand philosophe ou philosophe sans être un grand écrivain» écrit María Zambrano de Max Scheler ; la remarque vaut également pour elle. Les œuvres véritables n’étant pas soumises au temps puisqu’elles créent leur propre temps à partrtir de l’événement de leur apparition, on souhaite que L’homme et le divin puisse enfin avoir en France l’accueil qu’il mérite et que son auteur aurait souhaité plus précoce et que Camus, Char comme Cioran avaient appelé de leurs vœux.
Jacques Ancet
“C’est que les rapports premiers,
originaires, de l’homme et du divin ne sont pas du domaine de la raison mais du délire. Et la raison canalisera le délire en amour” : c’est ainsi que commence la longue relation entre l’homme le divin.