Pierre Chappuis | Poésie | Domaine français, 2005
Entre les mots tout comme entre toutes choses qui nous entourent et retiennent notre attention, l’espace est en cause prioritairement, un espace qui nous est propre si, selon Cézanne, “la nature est à l’intérieur” et s’il s’agit de rejoindre “la source impalpable des sensations”.
Se tissent à travers nous, secrètement, des relations qui donnent corps, donnent vie aussi bien au poème qu’à ce qui s’offre à notre vue — à nos sens — à la faveur de moments d’une rare acuité, même s’ils tirent substance d’un état de pur laisser-aller voisin de la rêverie, à l’embouchure du sommeil (titre d’abord envisagé avant celui de Mon murmure, mon souffle).
P. Ch.
“L’aspect lacunaire des poèmes de Pierre Chappuis, avec leurs phrases incomplètes souvent interrompues par des blancs spectaculaires, ne doit pas être interprété comme le signe d’un manque ou d’une déficience, mais plutôt comme le ressort d’une paradoxale plénitude. Les marges de ces poèmes sont pleines de ce qu’elles ne disent pas mais donnent à entendre. Du paysage, ils suggèrent d’autant plus qu’ils décrivent moins, comme l’horizon laisse au rêve et au désir une marge inépuisable, dans la mesure où il dérobe toujours quelque chose au regard.”
Michel Collot, Paysage et poésie