Ghérasim Luca | Domaine français, 2016
Écrits en 1947 (la même année que Passionnément), les courts poèmes de La Paupière Philosophale, restés inédits, se proposent non sans humour de :
Muer le vil métal
En pot-au-feu d’or mental.
Alchimiste du verbe, Ghérasim Luca y projette sa “cabbale phonétique” sur les noms de neuf pierres précieuses – de l’opale à l’émeraude -, pour les déshabiller de leur gangue usuelle et extraire la formule secrète qui dort en eux. Grand Œuvre nourri de vertigineuses jubilations lexicologiques, La Paupière Philosophale compose ainsi une sorte de précis lapidaire de gemmologie, à la fois excentrique et ésoterique.
Thierry Garrel
(...) La poésie n’est pas une démonstration. Elle ordonne un monde, mais il faut en repasser par le chaos pour se donner une nouvelle chance. « On casse le tic tac du oui/et du non. »
La gemme est la pierre angulaire à facettes de cette poésie qui scintille de mille éclats contraires, qui est aussi le prisme au travers duquel toute chose à son tour se révélera précieuse. N’y a-t-il pas déjà une phrase dans la chrysoprase, « cristal du sophisme/ et sopha des phonèmes » ?(...)
Éric Chevillard