Georges Picard | Collection En lisant en écrivant, 2014
Ce livre n’est pas un traité de philosophie. L’auteur y pense comme il veut sur le fait de penser comme on veut : « Le plaisir de penser me semble provenir d’une impression de liberté intérieure, encore plus que de l’espoir d’établir des vérités. Les idées valent par elles-mêmes quand on en a le goût. Toutes n’appellent pas l’approbation ou le rejet… Quand elle n’est pas sollicitée par une question pressante, la pensée a la gratuité d’une activité esthétique, et c’est sans doute ce qu’elle est, indépendamment de sa qualité intrinsèque. Un peu comme le plaisir de marcher, de courir, de siffler, de chanter ; comme tout dégourdissement physique ou mental motivé par l’amusement d’exister.»
Georges Picard défend l’idée que la vitalité de la pensée vaut autant que les conclusions auxquelles elle aboutit. Renouant avec l’esprit dilettante symbolisé par le Neveu de Rameau (« Mes pensées, ce sont mes catins »), il penche pour une conception désillusionnée mais dynamique de la pensée. « Les théoriciens qui ont la prétention de nous faire croire à la nécessité des idées qu’ils défendent, alors qu’elles sont au plus judicieuses ou originales, que leur pertinence est celle d’une logique singulière, donc arbitraire, jouent avec notre crédulité de lecteurs assoiffés de belles histoires… La jouissance de penser ne suppose pas une fidélité éternelle à ses opinions ; l’essentiel, c’est le cheminement qui maintient l’esprit dans une fraîcheur toujours prête à se laisser surprendre par la nouveauté. ».