Jean-Michel Maulpoix | collection En lisant en écrivant, 2020
« À côté des œuvres des poètes eux-mêmes, il y a dans ma bibliothèque quantité de livres sur la poésie, et quelques-uns sur l’écrivain, sur l’écriture. Très peu sur le poète... La critique a curieusement laissé cette figure à l’abandon.
Ayant un peu le goût des mots perdus, j’ai souhaité observer ici quelques figurations du poète, durant cette période dite moderne qui le voit précisément engager lui-même son propre procès. Et puisqu’il se portraiture volontiers en funambule, en sonneur de cloches, en pendu ou en araignée, on verra que ce sont pour beaucoup des affaires de cordes et de fils (d’encre) qui l’occupent. Perplexe, occupé à tisser des liens, penché sur son ouvrage plutôt que tourné vers l’Azur, le poète tardif est critique avant tout. Étudier ses figures, c’est dès lors s’inquiéter du maintien de la poésie ; c’est interroger son pourquoi, son sens et sa valeur. »
J.-M. M.
"Multipliant les exemples et les interrogeant avec autant de sensibilité que de rigueur – et voici Ponge, Jaccottet, Deguy après Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé, voici Supervielle et Schéhadé, du Bouchet, Nathalie Sarraute et Novarina – Jean-Michel Maulpoix montre que derrière les masques et loin des chapelles, les poètes, qui habitent tous la même maison sans mur ni toit ni porte, s’accordent finalement sur le fait de chercher, chacun à sa manière, « la force de l’invisible qui est attestée par l’écriture et par elle seule », comme l’écrit Botho Strauss dans L’Incommencement. Et si « la poésie est inadmissible » (dixit Denis Roche), c’est bien que son existence de grain de sable continue de déranger et qu’être poète en ce temps de laminage de la pensée par le profit est encore une façon de résister, d’être, comme disait Achille Chavée, « un vieux peau-rouge qui ne marchera jamais dans une file indienne ». Ce que démontre, preuves à l’appui, clefs en mains, le vibrant essai de Jean-Michel Maulpoix."
Guy Goffette, Petite météorologie d'un marcheur de mots, Quinzaine littéraire du 1er mars 2002.