Max MILNER | Les Essais (2006)
Rembrandt avait vingt-deux ans lorsqu’il illustra pour la première fois, dans un tableau conservé au musée Jacquemart-André, la scène de l’Évangile de saint Luc racontant l’apparition du Christ ressuscité à deux de ses disciples dans l’auberge d’un village nommé Emmaüs. Il revint maintes fois sur ce thème dans des dessins, des eaux-fortes et des tableaux, dont le plus célèbre est exposé au Louvre.
Ce livre s’efforce d’expliquer cette prédilection en s’interrogeant sur les raisons de l’attrait que ce sujet exerça non seulement sur Rembrandt, mais sur de nombreux peintres de l’âge baroque, parmi lesquels le Caravage, Titien, Véronèse, Pontormo, Velasquez, le Tintoret. Au défi que lance à la peinture la nécessité de représenter, dans un même tableau, un repas, une méconnaissance, une reconnaissance et une disparition imminente chacun répond d’une façon révélatrice de ses choix picturaux, de son tempérament, de son affectivité, de ses inclinations théologiques plus ou moins conscientes. Les réponses données par Rembrandt s’éclairent par la comparaison avec celles de ses prédécesseurs ou contemporains et soulignent des aspects de sa personnalité souvent méconnus.
Max Milner est professeur émérite à l’Université de la Sorbonne Nouvelle. Après avoir consacré une grande partie de son œuvre au romantisme et au fantastique (sa thèse de doctorat, publiée aux éditions José Corti, s’intitule Le Diable dans la littérature française de Cazotte à Baudelaire), il s’intéresse particulièrement aux problèmes que pose le regard dans l’art et dans la civilisation. Son dernier livre est L’Envers du visible. Essai sur l’Ombre (Le Seuil, 2005).