Éditions Corti

A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z

Sommeil

Anne-Sylvie Salzman | Sommeil | Collection Merveilleux n°11 (2000)

Esztena, disparue dans Paris, s'est évanouie du pays de Fels, qu'elle a peut-être fui. Son cousin, parti à sa recherche, l'imagine endormie chez un prétendu comte belge qui, espère-t-il avec délices, la garderait prisonnière. Le "comte", ou plutôt son compagnon, le cynique Audin, mène le trop innocent narrateur aux portes d'un autre menteur, qui prétend, lui, faire écouter aux survivants les gémissements des morts dans les caves d'un pavillon de banlieue.

Comme s'il relisait pour soi les pages d'un journal intime, inscrites dans un ailleurs mythologique, le narrateur s'obstinera à suivre d'autres voix : celles, sourdes, qui occupent ses rêves et n'aura de cesse d'appréhender la distance qui les sépare de la réalité. Solitaire, il s'abandonnera peut-être au comte pour rejoindre, dans l'ivresse, Esztena, en son lieu de disparition à moins que ne survienne le silence d'un sommeil définitif.

Dans ce roman qui signe une réconciliation attendue avec l'art perdu de la fable, l'imaginaire à l'œuvre se fait promesse d'une singularité littéraire.

Sommeil est le deuxième roman d'Anne-Sylvie Salzman après Au bord d'un lent fleuve noir publié par Joelle Losfeld en 1997.

Révélée, il y a trois ans comme une héritière des ladies du gothique, Anne-Sylvie Salzman se voue plus que jamais à une littérature singulière. À cloche-pied entre la fable mythologique et un merveilleux surréaliste, elle tisse autour de ténébreuse énigmes familiales de troublantes hypothèses romanesques, voyages hypnotiques dans l'obscur des mystifications.
Jean-Luc Douin, Le Monde, 19 mai 2000.

Le monde peuplé d'ombres dont la romancière pousse les portes ne ressemble à aucun autre. La réussite tient en partie à ce que les morts et les absents parviennent ici à déborder de la mémoire pour envahir le présent, à y prendre corps.
Benoît Broyard, Le Matricule des Anges, n°31.