Claude Louis-Combet | Domaine français, 2009
Les trois fictions ici recueillies en un volume représentent trois manières d’écriture expérimentées, chacune, à un moment nécessaire du rapport que l’auteur a entretenu avec lui-même, autrement dit avec ses propres sources inconscientes de vie et de création. Infernaux Paluds (1970), premier roman, s’est nourri de matière autobiographique, avec la pensée de dégager le sens de l’expérience vécue et de pousser, du côté de l’origine des passions, le regard soucieux de connaissance de soi, au seuil de ce qui allait être une véritable aventure d’expression. Voyage au centre de la ville (1974) transpose, transfigure et transvalue le projet autobiographique, en le recentrant sur le seul terrain des pulsions et fantasmes, loin de toute construction chronologique et de toute exploitation anecdotique, comme le serait un rêve majeur ou l’orchestration délirante de quelques appétits de fond.
Enfin, Mère des Croyants (1983) met en œuvre les principes de la mythobiographie, dégagés auparavant au cours de l’élaboration de Marinus et Marina (1979). La biographie d’une célèbre mystique dissidente du xviie siècle, devient l’espace de projection des fantasmagories incestueuses et néanmoins spirituelles du narrateur. Échange, interférence, osmose, cette manière de recréer l’histoire revendique son droit sans réserve à la pure subjectivité.