Éditions Corti

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La Tectonique des nuages

Armand Farrachi | Biophilia n°12, mars 2017

Dans La Tectonique des nuages, sont justement accordés l’amour de la littérature et l’amour de la nature. Librement, comme au gré des nuages, souvenirs, expériences, lectures conduisent à une quête de sagesse, aussi bien dans la nature (la dernière parade amoureuse du tétras lyre dans un monde sauvage menacé, le journal d’une semaine passée dans les forêts slovènes à la recherche des ours, l’attention portée aux nuages, aux roches…) que dans les livres (les bonheurs d’expression chez Montaigne), ou dans la société (ceux qui se prennent pour des artistes comme d’autres pour Napoléon…). De multiples anecdotes posent des questions générales : la perte d’un portefeuille et les fausses contrariétés, le charme des passantes, l’extinction de l’espèce humaine et la libération des animaux, les pavés parisiens et la nostalgie des révolutions, la misanthropie et le bon usage des invités, la présence des morts…

La Tectonique des nuages, qui participe de la description, du récit et de l’essai s’inscrit dans le genre si libre de l’écrit intime, illustré dans notre histoire littéraire par les “essais”, “promenades”, “rêveries”, “journaux”, ou “propos” de grands écrivains.



Armand Farrachi est l’auteur de romans (de La Dislocation, 1974, à L’Adieu au tigre, 2008) et d’essais, la plupart inspirés par l’écologie radicale (Les Poules préfèrent les cages, 2000). Il s’est engagé pour la nature, contre la société industrielle, pour la protection de la faune sauvage, aussi bien sur le terrain, qu’avec des articles et des conférences, ou par des dossiers concernant le renard, le râle des genêts, les crapauds, la loutre ou l’ours des Pyrénées. Ses derniers textes, mi essais mi récits, ont pour sujet de grands créateurs (Bach, dernière fugue, 2004 ; Michel-Ange face aux murs, 2010).

(...) « Tout ce que l’homme voit il le touche, et tout ce qu’il touche il le détruit », résume Armand Farrachi (né en 1949) dans La Tectonique des nuages, recueil de dix-sept textes aux sujets les plus divers qui composent l’autoportrait d’un misanthrope de bonne compagnie. Dans ses livres du moins, car l’homme est farouche et confesse n’avoir que peu de goût pour les visites, y compris celles de ses amis, toujours un peu importuns lorsqu’ils forcent la porte de sa retraite périgourdine. Certes, il n’est pas mécontent de passer la soirée avec eux. Disons que la bouteille qu’ils apportent est la bienvenue ; beaucoup moins la valise qu’ils traînent sur leurs talons. La fréquentation durable de l’homme ne vaut rien à l’homme. L’idéal serait sans doute de pouvoir l’observer à la sauvette, une fois dans l’année, depuis un discret affût, comme un bel animal. (...)

Éric Chevillard, Le ciel des ursidés,
Le feuilleton, Le Monde | 23 mars 2017 [voir ci-contre].