Gaston Bachelard | Les Essais
Gaston Bachelard (1884-1962) est le premier à avoir pris comme principal sujet de recherche l’imagination de la matière.
Les neufs grands ouvrages de Bachelard (traduits dans plusieurs langues) ont renouvelé durablement la critique.
À l’écoute de l’eau et de ses mystères, Gaston Bachelard entraîne son lecteur dans une superbe méditation sur l’imagination de l’eau. Son domaine s’élargit, le philosophe se laissant davantage guider par les images des poètes, s’abandonne à sa propre rêverie. Des eaux claires, brillantes où naissent des images fugitives, jusqu’aux profondeurs obscures, où gisent mythes et fantasmes.
Avec L’eau et les rêves, la méthode de Bachelard s’assouplit — il ne s’agit plus d’une psychanalyse, mais, comme l’indique le sous-titre, d’un "Essai sur l’imagination de la matière"—, en même temps que son domaine s’élargit et que le philosophe se laisse davantage guider par les images des poètes, s’abandonne à sa propre rêverie.
L’ouvrage suit une progression vers la profondeur, vers la substance. Commençant par les images qui “matérialisent mal”, les eaux claires, brillantes, qui donnent naissance à des images fugitives et faciles, Bachelard aborde ensuite les eaux dormantes, en utilisant particulièrement les passages de l’œuvre de Poe où revient le thème, chez lui obsessionnel, de l’eau lourde, de l’eau de mort, ce qui le conduit au fleuve des morts (complexe de Caron), au noyé qui flotte (complexe d’Ophélie).
Dans les “eaux composées”, Bachelard traite de l’équilibre des liqueurs, de l’eau qui brûle, de l’eau pénétrée par la nuit, de la terre imbibée d’eau. Remontant vers les archétypes symboliques, il montre l’eau, le liquide comme nourrissants, abreuvants et souligne leur caractère maternel, féminin. L’eau est aussi lustrale, moyen de purification ; il existe une "morale de l’eau". Deux chapitres, consacrés à la “suprématie de l’eau douce” et à l’“eau violente”, précèdent la conclusion qui évoque l’eau murmurante, l’eau qui parle.