Simon Berger | Domaine français | 2019
Rentrée littéraire de janvier
À l’hiver 1705, Johann Sebastian Bach n’a que vingt ans. Il est organiste à Arnstadt, sa situation est établie, sa réputation solide. Qu’est-ce donc qui le pousse à braver le froid pour parcourir, à pied, les quatre cents kilomètres qui le séparent du maître de Lübeck – le compositeur Dietrich Buxtehude ?
Car Bach se met en route. Devant ses pas se dressent des silhouettes familières, des ombres inquiétantes, des pièges et des consolations. Mais c’est surtout du silence et de la solitude que Bach fait l’expérience, d’une solitude et d’un silence peuplés par la foi, en Dieu et en la musique. N’est-ce pas la noce de Dieu et de la musique que Bach tente de célébrer, seul dans la rigueur de l’hiver ?
Serait-ce donc ainsi, en un mot, que Bach est devenu Bach ?
Ce sont des questions que le roman rencontre. Mais il n’a pas prétention, il n’a pas vocation à trancher. Il invente. Il prend le parti de suivre un homme qui, dans un geste fou et sublime, décide de se mettre en marche et de fouler cent lieues de neige, pour aller se trouver, au nord de l’Allemagne, un maître parmi les maîtres. Au fond, tout cela n’est peut-être jamais arrivé. Mais quelle importance ?
Simon Berger est né en 1997 à Clermont-Ferrand. Élève à l’École Normale Supérieure, il étudie la philosophie. “Laisse aller ton serviteur” est son premier roman.
Le Bach de Simon Berger, dans un joli texte qui se lit d'une traite, a une candeur attendrissante, et un enthousiasme divin, annonçant peut-être ses futures cantates.
Libération, 12-13 janvier 2020.
Dans une langue très brûlante, très ardente, inspirée sans doute par les sifflantes des oratorios et les éruptions des orgues, Simon Berger, romancier de 23 ans, imagine la randonnée de Bach dans un livre très réussi, fort spirituel, et passablement herzogien : Quel premier roman ! Quelles images! Quelle channante fugue! Jean-Sébastien Bach part. Il traverse les forêts. Il marche dans la neige. Il se moque du froid. li se fait détrousser. Il s'en fiche puisqu'il va vers l'étoile: « Insondable légèreté de cet esprit en liesse.»
Sylvain Tesson, Lire, septembre 2020