Marc Graciano | Domaine français, 2018
En 2013, avec Liberté dans la montagne, son premier roman, Marc Graciano a fait sensation : le voyage d’un vieil homme et d’une petite fille était décrit avec minutie, comme un livre d’heures enluminé, sans psychologie, dans une écriture litanique. (...) En 2015, Une Forêt profonde et bleue réitérait l’émerveillement et l’étonnement. Une jeune guerrière défaite et violentée soignait ses blessures auprès d’un mège, un guérisseur muet. (...)
Cette fois encore, après une incursion dans la violence du monde contemporain, Marc Graciano retrouve son univers médiéval. De son écriture si caractéristique – précision du vocabulaire, style envoûtant – il nous raconte la naissance d’une vocation : “Le Sacret”, ou l’enfance d’un autoursier.
« L’oiseau de proie était tellement figé que, de loin, il avait semblé au garçon une motte de terre, et l’oiseau était tellement faible qu’il laissa s’approcher le garçon sans réagir, et, quand le garçon fut proche, il vit que l’oiseau avait une aile blessée et qu’elle pendait sur un côté, et c’était un oiseau au ventre blanc avec beaucoup d’aiglures, et au dos brun avec de fins liserés clairs qui dessinaient comme des écailles, et son œil était terne, nullement vif et acéré, comme habituellement chez les rapaces. »
Le Sacret, de Marc Graciano, est un exploit de haut vol – j’utilise à dessein cette expression car le livre décrit une chasse au vol, où un faucon sacre, au préalable recueilli et soigné par un jeune roturier, va devoir faire ses preuves.
Par Claro | Le Monde des Livres, vendredi 29 juin 2018 (article comple ci-contre)
En une seule longue phrase, “Le Sacret” de Marc Graciano raconte comment un enfant, pour avoir soigné un faucon mourant, en gagne la possession et obtient le droit de participer à une chasse en noble compagnie. Derrière l’apparente simplicité de ce thème, la précision du vocabulaire et l’enchaînement des gestes et des mouvements chargent le texte de poésie, tout en dévoilant l’âpreté d’un système social.
Par Sébastien Omont, EaN, juillet 2018. (Article complet sur le lien)
Tout l’art de Marc graciano, l’auteur de Liberté dans la montagne, réside dans cette volonté poétique d'approcher au mieux le visible, qu’il s'agisse de la réimplantation d’une rémige ou d'une partie de chasse au vol. Peu ou pas de paroles, seulement des regards qui se croisent, des corps qui bougent et des manières d'être à l’espace, au temps et à ce qui est.
Richard Blin | Le Matricule des anges, juin 2018.