Georg Christoph Lichtenberg | Domaine Romantique (1990)
Traduit de l’allemand par Liliane Abensour
De qui et de quoi se moque-t-on, dans les écrits de Lichtenberg ? De la sottise, en particulier et en général. Peu importe, au fond qu’elle soit incarnée par la pédanterie d’un de Voss, ou que, comme dans les considérations sur les naissances le 29 février, on raille implicitement les usages, la logique et même l’arithmétique.
La satire vise toujours vers ce qu’elle tient pour plus bas qu’elle, quand bien même – et c’est en fait le cas le plus général – le «bas» serait tenu pour élevé, supérieur, sublime, sacré.
Tous les moyens lui sont bons pour rabaisser le supérieur à l’inférieur, pour niveler et ne reconnaître ni Dieu ni maître, voire pour assimiler les valeurs les plus hautes aux excréments et aux orifices les plus abjects. Évidemment, tout le monde ne se hasarde pas à associer Dieu et merde, comme le célèbre Président Schreber dans sa folie psychotique. Mais se moquer de ce qui est élevé comme le Ciel, de ce qui est intangible comme le Bien et les grandes valeurs de l’humanité, ou encore de ce qui est respectable comme le Tragique ou inadmissible comme la souffrance de l’innocent, la misère ou le malheur, voilà qui est le pain quotidien de l’humoriste.
Le livre contient les quatre textes suivants :Consolations à l’adresse des malheureux qui sont nés un 29 février Contribution patriotique à une méthyologie des Allemands Des queues : un fragment Bé, Bé et Bê, Bê ; accents de mouton dans la Grèce ancienne et sur les bords de l’Elbe aujourd’hui. Une étude littéraire, par l’auteur de la Missive à la lune