Valery Afanassiev | Domaine français (1995)
Ce n’est pas une autobiographie, ni une confession imprudente : je ne suis pas Louis II de Bavière et je ne me prends pas pour un fou qui se croit Louis II de Bavière. Ce n’est pas un roman historique non plus. Peu de faits "réels" ponctuent ce monologue de la folie. D’ailleurs, je n’ai vu de Neuschwanstein que les façades disneyennes. Flaubert aurait sans doute désapprouvé ce manque de curiosité "scientifique". Mais il aurait approuvé la durée de mon travail – treize ans. J’ai commencé ce roman en 1982. Deux versions parfaitement autonomes – française et anglaise – résultent de ce travail acharné et délicieux. La fragilité de notre identité, la facilité du meurtre, la peur de la mort, la peur de l’immortalité, l’inceste à la mode de Chateaubriand, Musil et Nabokov, le temps, l’éternel retour, la mémoire – voici les thèmes principaux de ce roman. Les sept romans que j’ai écrits depuis 1974 n’ont en fait qu’un seul sujet, un seul décor : la mythologie humaine.
Avec ce quatrième roman, longuement mûri, Valery Afanassiev renoue avec la polyphonie de Disparition et se place dans la lignée du Dostoïevski du Sous-sol, du Nabokov de La Défense Loujine ou du Hedayat de La Chouette aveugle. Nous avons franchi le pont et les fantômes viennent à notre rencontre, réfléchis à l’infini par des changements incessants de perspective qui font vaciller la réalité au point que, tel un détective, le lecteur devra tenter de démêler le vrai du faux – si l’un ou l’autre existent.