Julien Gracq | Domaine français (2023)
Ce court récit inédit de Julien Gracq met en scène une fascination. C’est la vision initiatrice, brève mais répétée, d’une demeure, aperçue à chaque trajet depuis un car traversant la campagne pendant l’Occupation, qui pousse le narrateur à se mettre en route, cheminant seul dans les sous-bois pour s’approcher de la maison. À travers le récit de ce parcours aussi sensuel et contemplatif qu’intériorisé, La Maison déplie, comme une intrigue, la naissance d’un désir.
« Le soir tombait plus vite qu’ailleurs sur l’égouttement de ces fourrés sans oiseaux. Leurs bruits légers et distincts : craquements de branches, sifflement faible du vent dans un pin isolé, éteignaient les bruits insignifiants de la campagne – au long d’eux, dans la brume pluvieuse, on marchait comme dans une ombre portée : la route tout entière feutrée et épiante, n’était plus qu’une oreille collée contre la lisière des bois. […] Après quelques allées et venues assez incertaines au long de la route, l’envie me vint une minute, devant cet obstacle absurde, de renoncer à mon équipée – mais la curiosité fut la plus forte. »
"Mais c'est surtout l'écho d'"Au château d'Argol" qui frappe, étourdit et enchante. (...) Une même prémonition pour la beauté cachée derrière les ruines, un même combat entre le désir et la peur de disparaître traversent les deux oeuvres, d'une limpide splendeur." Marine Landrot pour Telerama
"Et peut-être est-ce cet inconfort qui crée le confort d'un envoûtement, quand cette voix appelle le narrateur par son nom. (...) La Maison, ou le miracle du matin." Mathieu Lindon pour Libération
"Fantastique "froid", réminiscences baudeleriennes, descriptions et longueurs des phrases tout en méandres proustiens, cette maison méritait qu'à son tour le lecteur de Gracq la découvre". Jean-Claude Perrier pour Livreshebdo
"Comme certains livres également très brefs de Duras ou de Beckett, cet inédit de Julien Gracq n’avait sans doute pas vocation à être inséré dans un volume plus grand, réalisant au contraire par sa brièveté le maximum d’intensité de cette écriture qui est l’écriture même, similaire à la concentration du poème, au foudroiement du poème." Jean-Philippe Cazier pour Diacritik