Éditions Corti

A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z

L’Abîme

Sadegh Hedayat | Littérature étrangère, 1987
Traduit du persan par Derayeh Derakhshesh

"Pratique le non-agir et tout restera dans l’ordre" : voilà seule certitude de l’écrivain iranien Sadegh Hedayat (1903-1951) converti au bouddhisme. Tel est le sens des nouvelles recueillies dans L’Abîme, qui aurait aussi bien pu s’intituler La Méprise. Naître et vouloir vivre, c’est la double méprise qui nous gouverne. Les personnages de Hedayat pataugent dans le malentendu. L’un se croit trahi, abandonne femme et enfant ; l’autre s’éprend d’un mannequin en porcelaine ; un troisième se tue par superstition, par dépit et défi ; le dernier se précipite au rendez-vous avec sa maîtresse mais se retrouve à visiter seul un cimetière. L’homme – Hedayat ne se lasse pas de le répéter – est un "enterré vivant" auquel on a crié : "Va-t’en et meurs." Seule la mort le rappellera à sa vérité première. Tant qu’il erre sur les confins de l’existence, il n’entend que la ritournelle de la méprise.

Dira-t-on de Sadegh Hedayat qu’il est un maniaque du morbide qu’il n’écrit que sur la mort et pour les morts ? Il répondra : "Si sévèrement que les gens me jugent, ils ne savent pas que je me suis jugé avec encore plus de sévérité, ils se moquent de moi et ignorent que je me moque d’eux encore plus. Je déteste et le lecteur et moi -même."

Roland Jaccard



TABLE

• La Chambre noire

• Le Mannequin derrière le rideau

• l’Abîme

• Les Masques

• Le Miroir Brisé