Éditions Corti

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Le Faune de marbre

Nathaniel Hawthorne | Domaine Romantique (1992)
Réimpression en cours, disponible en mars 2019

Le Faune de marbre est le dernier des quatre romans de Nathaniel Hawthorne ; il le publiera en 1860, deux ans après son séjour en Italie.

Comme dans “La lettre écarlate”, Hawthorne y parle de la transgression et de la culpabilité. Un meurtre, motivé par l’amour, affecte non seulement le meurtrier, Donatello, mais aussi sa bien-aimée Miriam – sa complice involontaire – et leurs amis, Hilda, témoin malgré elle, et Kenyon, sculpteur et narrateur du récit.

Donatello, à moitié homme, à moitié faune – il est l’image vivante de l’œuvre de Praxitèle – est comme le chaînon manquant entre l’animal et l’homme, la nature et la civilisation. Le meurtre de celui qui persécutait Miriam, dont il est tombé amoureux, va bouleverser sa vie insouciante et innocente car, paradoxalement, c’est cet acte qui va faire de Donatello un homme, avec ce que cela suppose de conscience et de souffrance. Après la chute vient l’inquiétude spirituelle, qui est un enrichissement, et le rachat ; Hawthorne, à travers Le Faune, a renouvelé à sa façon l’antique mythe de l’Eden.

Les problèmes de philosophie transcendantale, les conceptions morales et esthétiques de l’écrivain trouvent ici, nous semble-t-il, une forme qui illustre parfaitement sa philosophie personnelle, son sens inégalé de l’allégorie, en même temps que ses plongées anticipées dans l’inconscient de la psychanalyse, encore à naître.

De même, en explorant les réactions de chacun devant le crime, Hawthorne pose avant Nietzsche la question du tout est permis et de l’équilibre nécessaire entre les libertés que les nouveaux modèles culturels autorisent et l’autocensure qu’ils requièrent dans le même instant.

Enfin, notons l’importance de la ville de Rome, toile de fond symbolique en même temps que très concrète du récit ; on a, en effet, parfois reproché à Hawthorne ses larges descriptions alors que, comme chez Balzac, ce qui l’intéresse, ce sont les subtiles correspondances qui s’établissent entre ses personnages et les décors (les mystérieuses catacombes, la beauté du Pincio, le carnaval final sur le Corso.)