Christian Hubin | Tombées |
Collection Merveilleux n°15, 2000
Ce nouveau recueil de Christian Hubin renoue avec la prose sans rien renier du sillon creusé jusqu'à "Maintenant".
Ici, le chant est au service de la quête, une quête du Graal éminemment contemporaine et cryptée où les temps viennent se fondre et se confondre voire se fracasser, à tel point que l'on n'assiste pas à une évocation mais à une véritable confrontation des temps dont la figure féminine sort fragilement indemne, comme magnifiée.
Par sa forme surprenante, son dépouillement, son refus du lyrisme, du Moi, de l’effusion romantique, ainsi que par ses constants courts-circuits de langue, cette écriture polyphonique est faite de résonances et d’infrasons.
Il faut donc lire Hubin de bout en bout, enchaînant ses fragments avec juste les silences demandés, comme dans une partition musicale contemporaine. Ils disent une attente infinie.
Avec Tombées, le poème se fait plus long, mais l’ascèse de la démarche n’a pas varié d’un iota par rapport aux précédents poèmes parus chez Corti depuis une quinzaine d’années. C’est d’une prose poétique articulée sur l’équilibre des pleins et des vides qu’il nous faut parler, d’un texte à dire d’un seul souffle, finalement traversé, troué de part en part, et dont les masses n’existent qu’en fonction des absences qui les révèlent.
...Dès lors, l’absolu auquel vise cette quête ne peut se concevoir. Et c’est une éthique, une hygiène qu’elle nous propose dans ce regard comme retourné sur le monde et dévoilant dans le même regard plusieurs perspectives, ouvrant des pistes dans la forêt du réel : l’hygiène de l’humble et de la merveille, du fragile et du foudroyant.
Le Carnet et les Instants, n° 116, Eric Brogniet, février 2001