Stephens et Hylten-Cavallius | Collection Merveilleux n°8 (1999)
Traduit du suédois par Elena Balzamo | illustrations Einar Norelius
La plupart des pays européens disposent de recueils de contes populaires constitués par des folkloristes locaux sur le modèle de celui des frères Grimm.
Mais les “modèles”, s’ils demeurent à juste titre célèbres, ne sauraient éclipser leurs émules sans risque de faire passer lecteurs et créateurs à côté d’une autre source d’enchantement ou d’inspiration. C’est ainsi que nous publions simultanément deux collectes scandinaves — une danoise et la suédoise du présent volume — jusqu’ici totalement inconnues du public français.
Celle du suédois Hyltén-Cavallius et de l’anglais Stephens — plus scandinave de cœur, s’il est possible, que son ami nordique — reflète bien les tentations qu’ont eues tous les folkloristes d’y aller un peu de leur propre plume, de leur propre initiative d’auteur, pour rendre plus “littéraire” la stricte oralité. Mais il a fallu ensuite le talent de l’éditeur Jöran Sahlgren pour mettre de l’ordre dans leurs travaux de collecte et de réécriture. De ce vaste corpus de huit volumes, Elena Balzamo a opéré une “collecte en second”, c’est-à-dire un choix représentatif de la spécificité suédoise même si toute “spécificité”, en matière de conte populaire, n’est qu’un arbre qui cache une forêt de chatoyantes similitudes.
Le conte est-il un moyen de fuir l'action en se réfugiant dans l'imaginaire? Plutôt que de fomenter une révolte, on rêve que l'on dérobe à l'ogre son cheval d'or et sa lanterne de lune. Mais voler le cheval d'or, n'est-ce pas ôter aux puissants leur pouvoir - qui ne serait plus alors qu'une illusion ? On se dit que l'humanité tout entière rêve dans la même direction. Barbe-Bleue passe pour être inspiré par Gilles de Rais, mais on le retrouve en troll au fin fond du Danemark. C'est que les origines de ces archétypes se perdent dans la nuit des temps. Cette uniformité du rêve est telle, que les folkloristes Anti Aarne et Stith Thompson ont établi, à la fin du XIXe siècle, une classification internationale, qui s'applique aux contes et légendes du monde entier. Elle sert aujourd'hui encore de base aux folkloristes, même s'ils utilisent aussi d'autres méthodes. Tous les contes contenus dans ces deux volumes sont ainsi classés, ce qui permet, partant des visages uniques et typés des conteurs pour arriver à l'universel, de saisir à quel point les théories racistes sont anti-scientifiques et mensongères. Il y a là une preuve aussi forte que les preuves biologiques, et elle est enclose dans des livres.
Nicole Casanova, La Quinzaine littéraire, 1/15 février 2000.
Venus de différentes régions de Suède, ces vingt-deux contes, merveilleux pour la plupart, offrent des versions savoureuses de contes plus ou moins connus tels que Jeannot et Margot (où la maisonnette au toit de saucisson remplace celle de pain d’épice), les Trois fileuses ou la Belle et la Bête, sans oubliers des histoires de trolls !
Livres au Trésor, sélection 2000
Au milieu du XIXe siècle, deux amis, H.-C. et S., décident de sauver le patrimoine des contes suédois. Ils entreprennent une collecte auprès des gens du peuple et retranscrivent ensuite les histoires. Ce recueil en propose une vingtaine d’entre eux. ... Et puis il y a une très belle version de La Belle et la Bête ; ici, pas de terreur, pas de menace de mort ou de marché conclu avec une bête effrayante. Seulement un pauvre chien boiteux qu’une pure jeune fille accepte d’épouser par respect de la parole donnée. Un chien qui se révèle en fait, à la lueur d’une bougie... mais chut, découvrez vous-même la fin de ce conte sobre et touchant qui donne son titre au recueil. Ce choix judicieux et varié de contes nous permet de découvrir l’imaginaire d’une Suède ancestrale. Il se complète de la liste typologique des contes présentés, qui renvoie à la classification internationale.
INTER CDI, mai-juin 2001