Éditions Corti

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Contes populaires juifs d’Europe orientale

Valery Dymchits | Collection Merveilleux, n°25 (2004)
Traduit du russe par Sophie Benech
Glossaire établi par Myriam Anissimov • troisième édition

La première collecte de contes populaires juifs de cette ampleur jamais traduite en français : près de 500 contes merveilleux, légendes et traditions, contes de mœurs, histoires et anecdotes.

Publié en russe à Moscou en 1999, ce recueil de contes populaires juifs a été établi et commenté par Valery Dymchitz, qui a opéré un choix parmi des textes faisant partie d’une vaste anthologie du folklore juif constituée au fil du siècle par Efim Raïzé (1904-1970).

C’est dans sa Podolie natale, à Vinnitsa et dans les shtetls alentour, véritables mines d’or du folklore juif, que cet ethnologue avait commencé sa collecte de contes, poursuivie ensuite à Kiev, à Leningrad, en évacuation et dans les camps. On trouve parmi ses informateurs les gens les plus divers : des enfants et des adultes, des habitants des villes et des campagnes, des femmes au foyer et des ingénieurs, des professeurs, des cordonniers, des tailleurs, des instituteurs, le rabbin Arn Prouss, Moïsseï Belenki, spécialiste en « athéisme scientifique », et même un truand. La particularité du recueil de Raïzé tient aussi au fait qu’il y avait parmi ses informateurs de nombreux écrivains, dont quelques-uns des plus grands poètes juifs : David Hofstein, Haïm Lenski, Hersh Ochérovitch, Shmouel Halkine.

Le manuscrit original en yiddish de cet énorme travail ayant malheureusement disparu, il n’en reste « que » la version russe. Ces contes sont publiés avec des commentaires abondants et passionnants de Valery Dymchitz, ils sont suivis, en fin d’ouvrage, de renseignement précis : sur la date et le lieu où chaque conte a été recueilli, sur la personne qui l’a noté et, lorsque cela s’avère nécessaire, sur sa correspondance avec le conte-type auquel il se rattache (numérotation AT).

Sophie Benech, la traductrice, a confié la relecture à Myriam Anissimov, spécialiste de l’hébreu et du yiddish. Cette dernière a également établi un glossaire en fin d’ouvrage.



Ces contes provoquent une nostalgie particulière : on découvre par la base une culture et une langue, non pas mortes, mais tuées. Et cette culture, par sa disparition brutale et les traces qui lui survivent, devient la nôtre, comme si nous allions mourir à notre tour. Singer écrit que les illusions des juifs d'Europe orientale «étaient celles de l'humanité tout entière. Les vandales qui ont assassiné des millions d'entre eux ont détruit des trésors d'invidualité qu'aucune littérature ne peut oser faire revivre». Aucune littérature, peut-être ; mais les contes, si : ils concentrent et résument l'esprit d'un peuple, les influences qui l'ont formé ou modifié. Ils volent vite entre mémoire et oubli.

Philippe Lançon, © Libération, jeudi 11 novembre 2004 (lire le texte complet ci-contre).