Leonid Andreïev | Littérature étrangère (1998)
Traduit du russe par Sophie Benech
Les textes qui composent ce quatrième et avant-dernier volume des œuvres en prose de Léonid Andreïev ont été écrits entre 1910 et 1914. L'auteur a déjà atteint le faite de sa gloire et de sa popularité : ses œuvres en six volumes publiées en 1913 ont été tirées à 225 000 exemplaires, chiffre impressionnant pour l'époque.
La reconnaissance, quoique mitigée d'innombrables critiques, ainsi qu'une vie personnelle plus stable (Andreïev vit à présent avec sa famille dans la superbe maison qu'il s'est fait bâtir en Finlande et qu'il a décorée lui-même) semblent donner à son inspiration des nuances plus diversifiées et moins désespérées : le lecteur trouvera entre autres dans ce volume des textes dont la gravité est tempérée par une bonne dose d'humour, des histoires grinçantes témoignant de ses dons de conteur, des allégories dans un style biblique ou prophétique, une magnifique histoire de fantôme, et un gros roman prémonitoire qualifié à l'époque de « néo-mythologique », dont le héros, un jeune Russe à l'âme pure incarne l'idéal révolutionnaire voué à dégénérer en boucherie sanglante, dans une Russie grosse d'un avenir à la fois prometteur et menaçant. Si l'ombre de la guerre et de la révolution imminentes plane toujours sur ce volume de la maturité, le lecteur y découvrira aussi des pages drôles et lumineuses, des tableaux d'une finesse psychologique toujours empreinte de tendresse et dans des récits comme Le Vol et La Résurrection des morts, le pressentiment d'une éternité porteuse de joie.
Sophie Benech
Les textes ici proposés ont été écrits entre 1910 et 1914, à une époque où Andreïev a acquis la célébrité et où il mène une vie plus stable que par le passé. Si bien qu’à côté du désespoir abrupt, d’autres traits ressortent de sa prose. Ce qui pointe donc, cette fois-ci c’est la quête d’absolu. L.A. en pressent les contradictions et les risques.
Mais cette passion de l’absolu ne prend pas toujours des accents de bruit et de fureur, quand bien même elle conduit à la mort. Dans Le Vol... on est saisi par la tendresse de l’écriture, sa délicatesse lorsqu’elle évoque l’amour qui unit le pilote et son épouse, ou dans la description de l’ivresse céleste. Comme si la fin, loin d’être terrifiante, était celle d’un accomplissement.
... ce qu’il pouvait y avoir de nihilisme dans son écriture cède la place à une attente et une espérance lumineuse... Comme une lumière, pas si fragile, au fond du gouffre.
La Croix, Jean-François Bouthors, 10 mai 2001.
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