John MUIR | Domaine Romantique (2006)
Traduit par André Fayot | Nouvelle édition en Massicotés (2017)
«John Muir – Planète Terre – Univers» Tels sont les mots inscrits sur la face intérieure de la couverture du carnet de route dont est issu ce volume. Ils reflètent l’état d’esprit dans lequel son auteur entreprit sa marche de quinze cents kilomètres en direction du golfe du Mexique, via le Kentucky, en 1867. Il s’agit là, de loin, de la plus longue excursion botanique que John Muir ait faite au cours de sa jeunesse. Sa pérégrination a lieu dans une Amérique sauvage dans les deux acceptions du terme : des pans immenses de territoire sont intouchés par l’homme dans le même temps où les soubresauts de l’histoire – la guerre de Sécession vient de s’achever – rend les routes incertaines. Les conditions sont donc rudes, les rencontres aléatoires, mais le naturaliste reste ferme sur ses jambes, et prend les étoiles pour couverture. Mi-naturaliste (il note, classe, repère les espèces endémiques), mi-prophète, toujours en extase devant la «wilderness», son amour de la nature est une véritable religion et ses rares incursions dans les villes (il n’entrera même pas dans New York lors d’un transit entre la Floride et Cuba) sont purement fonctionnelles.
«Souvent, il me fallait coucher dehors sans couverture, mais aussi sans souper ni déjeuner. Pourtant, je n’avais d’ordinaire guère de difficulté à trouver une miche de pain dans les clairières largement espacées les unes des autres où étaient installés les fermiers. Muni de l’un de ces gros pains de la forêt, j’étais capable de vagabonder durant des kilomètres au sein de la nature sauvage, libre comme les vents dans les bois radieux.»
Frédéric Badé, l’éditeur de l’édition originale parue en 1913, aux États-Unis, a utilisé trois sources pour préparer le volume : le journal original, une copie dactylographiée qui n’est que légèrement révisée et deux récits distincts de ses aventures à Savannah, où, pendant une semaine, dans l’attente improbable d’un mandat, il campa, sans un penny, dans le cimetière Bonaventure.
Ce livre fait suite, de façon chronologique aux Souvenirs d’enfance et de jeunesse (Corti, 2004) qui se terminaient sur son arrivée à San Francisco. Si l’écriture du premier est fatalement plus élaborée, puisque pensée a posteriori, ce récit sur le vif passionnera non seulement les pérégrins nostalgiques d’une terre sauvage, mais aussi les amateurs de la vie et de l’œuvre du Thoreau de l’Ouest, dont le nom, vénéré aux Etats-Unis, commence doucement à s’imposer de ce côté de l’Atlantique.
(...) À l’heure où les forêts disparaissent, où la vie sauvage menace de n’être bientôt plus qu’un souvenir, il faut lire John Muir, et en tirer des leçons : jamais ce grand écrivain naturaliste n’a été aussi actuel.
Christophe Mercier, Le Figaro, 2 septembre 2004
Muir, c’est le héros des écologistes américains ; les Parc Nationaux, c’est lui, et sans lui, les séquoias géants de Yosemite Park auraient été débités en allumettes par les cyniques héros de la libre entreprise. Lisez tous les détails.
Michel Polac, Charlie Hebdo, Les Colosses américains.