Éditions Corti

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La Maison disparue

Adelheid Duvanel | Littérature étrangère (2023)

Des sœurs jumelles se passent doucement des feuilles de géraniums sur le visage. Tous les matins, un homme attend le journal comme s’il s’agissait d’une lettre d’amour. Une petite fille s’enfuit de chez elle après avoir écrit « Je vais à Singapour ». Une femme a l’impression fugace d’être un poisson qui habite dans un arbre creux. Dans les courts récits d’Adelheid Duvanel, véritables miniatures, tout est là, dès le début, dense, compact, ramassé. Tout se passe comme si l’on se trouvait en présence de petits instantanés photographiques, de tranches de vie dont l’interprétation serait à rechercher dans le hors champ, le non-dit. À vies minuscules textes miniatures, où prose et poésie s’entremêlent dans une chorégraphie d’une poignante intensité.

« Il n’a pas encore neigé cet hiver, mais la nuit tombe tôt. Elle n’est pas plus noire que le pelage d’un chat noir. Ma connaissance mange la pâtisserie qu’elle a apportée. La petite fille, dont elle s’occupe depuis maintenant presque six mois, joue avec les livres de ma bibliothèque ; elle en lit des passages à la poupée avec laquelle je jouais lorsque j’étais enfant. Cette fillette me donne le frisson ; je me méfie des enfants ; leurs yeux candides et leurs petites voix grêles masquent le fait qu’ils nous percent à jour. »


"«La Maison disparue» nous invite sur le coin d'une petite table, au sein d’un foyer ou la lumière du jour n'entre pas toujours, et tout près de personnages qui ne regardent pas exactement le monde comme on en aurait habitude, sans doute parce qu’ils n'y appartiennent pas tout à fait. Une écriture évocatrice surprenante, qui fait «rire tout bas», de peur de faire trembler la petite table ou d'éteindre une bougie, conjuguant grâce, burlesque et humilité. (…) Adelheid Duvanel pose des silences entre les phrases avec une liberté réjouissante pour le lecteur et la lectrice qui n'auront qu’à imaginer le chaînon mangeant. Impeccablement traduite par Catherine Fagnot qui a su préserver «la modestie au lexique» (Imda N°191), cette écriture mystérieuse et fulgurante emporte en laissant une impression de profondeur et peut-être même un peu de magie." Flora Moricet, Le Matricule des anges
"Il y a dans La Maison disparue un anthropomorphisme, quand tous les éléments de la nature sont habités par l'écriture d'Adelheid Duvanel, Mais aussi une espèce d'anthropomorphisme contraire, comme si être humain se revelait parfois inaccessible" Mathieu Lindon, Libération
"On les aime tant ces petits textes miniatures, ces petits contes d'Adelheid Duvanel, ces petits textes bizarres qui pincent le cœur, et nous plongent dans un abîme de vulnérabilités, de vies fragiles et bancales prisonnières d'un monde trop étroit." Librairie Le Monte en l'air
"Toujours traduit par l’indispensable Catherine Fagnot, « La Maison disparue », comme les précédents « Délai de grâce » et « Anna et moi », égraine de tout petits textes, 2-3 pages tout au plus, des fictions concentrées à l’extrême, repliées sur leur mystère à la manière d’un cercle parfait. - Une fragilité intense, une sensibilité accrue et désaccordée pourraient qualifier les vies enserrées dans ces récits de quelques pages que l’on parcourt comme des poèmes étranges, des ballades aux contours ébréchés. - Jamais on n’a lu quelque chose d’équivalent à l’écriture de DUVANEL, quelque chose déborde en permanence, se met en tension, traverse l’échine, mais sans que l’on sache trop comment, ni où le trop-plein s’évacue. L’autrice a su placer en équilibre des existences aussi précaires que des vapeurs dans le vent, par un travail méticuleux et concis de description d’états d’âmes bousculées, d’images écornées, accolées à un effritement narratif et à une succesion de ruptures. - On lit ces textes comme on écouterait le Sphinx, avec la perplexité et la fébrilité de celui ou celle qui découvre l’énoncé de l’énigme et comprend qu’au fond de celle-ci bat peut-être le cœur de toute chose." Andreas Lemaire, librairie Myriagone